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Table ronde doctorale le vendredi 25 février 2022

École des hautes études en sciences sociales, Campus Condorcet, Paris

La négociation des identités en contexte nordique et arctique

En collaboration avec le Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique de l'Université du Québec à Montréal, l'Université de Caen, l'Université de Helsinki, Sorbonne-Université et l'Université des Îles Féroé.


Programme — 25 février 2022

L’événement se tient de 9h30 à 12h30 dans la salle 50 du bâtiment de l’EHESS au Campus Condorcet (2, Cours des humanités, 93330 Aubervilliers, métro Front Populaire, ligne 12, Paris).

• Léo BECKA

Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine, Paris 1 Panthéon-Sorbonne

«Construire l’identité nordique par la science. L’exemple des voyages scientifiques de La Recherche (1835-1840)»

De 1835 à 1840 le naturaliste français Paul Gaimard organise, avec l’appui de la Marine, une série de voyages vers l’Islande, le Groenland, la Norvège et une grande partie de la Scandinavie. Ces expéditions ont pour objectif de réunir un ensemble varié de connaissances sur le Nord. Cette thèse, intitulée « L’invention scientifique du Nord », vise à comprendre comment ces voyages ont participé à la reconnaissance par les savants occidentaux d’un espace nordique avec son identité, ses caractéristiques et ses frontières. Le Nord est envisagé comme une construction à la fois savante et culturelle, au croisement des savoirs, des représentations et des pratiques.

Trois axes de recherche sont privilégiés. Le premier sera consacré aux origines théoriques et pratiques des voyages. Il s’agira de reconstituer le tableau des connaissances sur les régions boréales au début des années 1830, tout en envisageant les aspects concrets de la préparation des voyages (financements, matériels, personnel scientifique). Un deuxième axe de recherche portera sur le déroulement des voyages, et plus spécifiquement sur la « science en train de se faire ». Les rapports de pouvoir au sein du collectif savant et les pratiques scientifiques seront étudiées à l’aide des récits de voyage, journaux de bords, et carnets personnels des savants. Un dernier axe de recherche se focalisera sur les conditions de réceptions de ces voyages. Il s’agira d’étudier les stratégies éditoriales derrière la publication des ouvrages officiels (27 volumes et 10 atlas), ainsi que les diverses réceptions et appropriations de la production savante et artistique liée à ces voyages.

• Charlotte COUTU — participation annulée

Université du Québec à Montréal et Université de Tampere

«Regards sur l’hystérie arctique dans les oeuvres de l’artiste visuelle Pia Arke et de l’écrivaine Rosa Liksom»

Ma recherche doctorale s’intéresse aux discours entourant l’hystérie arctique, ainsi qu’aux imaginaires genrés et spatiaux qu’elle mobilise. Identifiée d’abord dans les récits d’exploration, l’hystérie arctique est un supposé trouble psychique affectant les populations de l’extrême Nord, plus particulièrement les Inuits et les femmes. Depuis, l’hystérie arctique apparaît dans différents contextes à travers le Nord circumpolaire. Elle en vient notamment à désigner diverses réactions physiques, psychologiques et émotives provoquées par les conditions de vie difficiles des espaces nordiques : températures froides, absence ou excès de lumière, isolement social dû à l’espacement des populations,... Plus que ce qu’elle est censée désigner, l’hystérie arctique témoigne de rapports sociaux et historiques qui accompagnent nécessairement son énonciation. Ces enjeux sont abordés à partir de l’œuvre visuelle de l’artiste groenlandaise Pia Arke (1958-2007) et celle, littéraire, de l’écrivaine finlandaise Rosa Liksom (1958-). Ultimement, cette recherche s’intéresse aux façons par lesquelles l’art mobilise et détourne l’hystérie arctique. Les œuvres sont sélectionnées en raison de l’unique façon qu’elles ont de transposer l’hystérie arctique à leur structure même, montrant ainsi comment le médium participe à communiquer cette dernière et à mettre en jeu le regard derrière sa construction. Cette recherche s’inspire notamment des travaux de l’historien de l’art Georges Didi-Huberman sur l’invention de l’hystérie.

• Syrielle DEPLANQUE

Paris Université et Université du Québec à Montréal

«Repenser le Nord et ses croyances à travers les productions littéraires autochtones Inuits, Innus et Sâmes»

Dans la réflexion visant à concevoir le Nord comme un lieu d’union et de rupture, mon projet de thèse propose d’étudier par le biais de la littérature, les croyances et les représentations des peuples Inuits, Innus et Sâmes. Cette étude se fonde sur des récits autochtones et allochtones qui favorisent le point de vue interne de ces nations ce qui permettrait d’apporter un regard nouveau sur les civilisations autochtones de l’Arctique. Penser le Nord tel un espace de l’autochtonie implique de ne pas voir le territoire comme une construction nationale, mais comme des espaces linguistiques et culturels riches. Bien qu’ils partagent un espace circumpolaires les Inuits dépendent de la classification des peuples eskimo-aléoutes, les Innus des algonquins, et les Sâmes des finnos-ougriens. A ce titre, ils ont une culture, une langue, une histoire et une reconnaissance qui leur son propre, et qui influe sur la production littéraire ainsi que sur la représentation de leurs identités.

Cette thèse vise à affirmer à la fois une identité et une diversité culturelles au sein des nations autochtones qui peuplent l’Arctique. L’étude des littératures autochtones permet d’affirmation l’importance des peuples et des cultures autochtones aussi bien du point de vue interne que dans le spectre de la littérature mondiale.


Appel — 11 février 2022

Les doctorant(e)s dont la thèse porte sur un sujet nordique ou arctique sont invité(e)s à soumettre une proposition de participation à cette table ronde doctorale, qui prendra la forme d’une classe de maître, où ils(elles) pourront présenter en 15 minutes le sujet de thèse dans le contexte de la négociation des identités, sujet qui sera ensuite commenté par le comité scientifique (Yohann Aucante, Daniel Chartier, Malan Marnersdóttir, Harri Veivo et Sylvain Briens) ainsi que par l’ensemble des participants. L’objectif est de permettre la discussion sur des propositions nouvelles sur les identités du Nord, et de favoriser les échanges et les collaborations nouvelles pour les doctorant(e)s.

Les personnes intéressées sont priées d’envoyer une proposition de participation d’ici au vendredi 11 février 2022, composées d’un titre, d’un résumé de 15 lignes de leur thèse, d’une notice bio-bibliographique de 5 à 10 lignes, de leur affiliation universitaire, ainsi que de leur adresse courriel, en l’adressant à imaginairedunord@uqam.ca Pour les étudiant(e)s qui présenteront leur projet, nous pourrons prendre en charge le billet de train aller-retour vers Paris.

L’événement se tiendra en présentiel dans la salle 50 du bâtiment de l’EHESS au Campus Condorcet (2, Cours des humanités, 93330 Aubervilliers, métro Front Populaire, ligne 12, Paris), si les conditions sanitaires le permettent. Les propositions de participation à distance ne pourront pas être retenues. Parmi les candidatures reçues, un maximum de 6 pourront être retenues pour présenter leur projet de thèse en 15 minutes lors cette Table ronde doctorale, mais les autres doctorant(e)s seront bienvenu(e)s pour participer aux discussions. La Table ronde doctorale se tiendra de 9h30 à 12h30; elle sera suivie de 14h30 à 16h30 d’un second événement, cette fois en anglais, sur les enjeux et défis de la rédaction des histoires culturelles et littéraires dans le Nord, portant sur la Finlande, les Îles Féroé, la Norvège, l’Islande et le monde inuit.

Organisateurs : Daniel Chartier (CRILCQ, Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, Université du Québec à Montréal) et Yohann Aucante (Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron, École des Hautes Études en Sciences sociales). Autres membres du comité scientifique : Sylvain Briens (Sorbonne-Université), Malan Marnersdóttir (Université des Îles Féroé), Rikka Rossi (Université de Helsinki) et Harri Veivo (Université de Caen).

Nous remercions le Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron (EHESS), le Centre de recherche sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique de l’Université du Québec à Montréal, ainsi que le projet NICH-Arctic (Belmont Forum) pour leur soutien à cet événement.