Recueil de poésie aïnou traduit du japonais
C’était l’automne
le 20 octobre
1933 (an 8 de l’ère Shôwa).
D’étranges
bruits
m’ont tiré
de mon long sommeil de trente ans.
Le bruissement du vent?
Non, c’est autre chose. […]
Moi […]
j’ai cru que c’était le rite de passage
pour entrer
au pays des morts.
Pendant une centaine d’années, des universitaires ont exhumé, profané, transporté, étudié et conservé aux fins de «recherches scientifiques» les restes ancestraux d’Aïnous. On estime que plus de 1 600 personnes ont ainsi été à titre posthume victimes de ce programme. La présente œuvre poétique témoigne de la douleur causée par le colonialisme dont ont été victimes les Autochtones, mais aussi des limites de l’ouverture du monde: aujourd’hui encore on retrouve à Sapporo un bâtiment lugubre où sont conservés, «retenus prisonniers», comme l’écrit Dobashi Yoshimi, les restes de son ancêtre Penriuk, grand chef aïnou.
Avec une présentation de Daniel Chartier, une introduction de Jeffry Gayman, une préface de Hanazaki Kôhei et une chronologie de Lucien-Laurent Clercq. Traduit du japonais par Etienne Lehoux-Jobin.
Dobashi Yoshimi, Penriuk et sa douleur. Ossements aïnous retenus prisonniers, Québec, Presses de l'Université du Québec, coll. «Jardin de givre», 2023, 248 p. Traduit du japonais par Etienne Lehoux-Jobin.
ISBN 978-2-7605-5789-5
Pour mieux comprendre la littérature aïnoue
Conférence de Lucien-Laurent Clercq, «Une autre autochtonie littéraire venue du Japon: la littérature aïnoue», 2023, 71 min.
Article de Gérald Peloux sur ce livre dans Hypothèses