Julie Gagné
«Imaginaire et usages du froid dans les pratiques scéniques et dramaturgiques du théâtre québécois contemporain : étude d'Agaguk et de Roche, papier, couteau...»
Résumé
Dans ce mémoire, je propose que le froid, au théâtre, se manifeste par ses effets sur le(s) corps, l'espace, la matière et le langage. Après avoir établi les éléments qui incarnent le froid dans la représentation et dans le texte dramatique, je vise à déterminer son usage dans les pratiques scéniques et dramaturgiques en m'intéressant à deux œuvres où il participe à la création de formes inédites, soit l'adaptation d'Agaguk d'Isabelle Hubert, présentée par le Théâtre Sous Zéro (TSZ), et la pièce Roche, papier, couteau... de Marilyn Perreault, créée par le Théâtre I.N.K. Mon premier chapitre définit le froid et ses effets afin de cerner les composantes qui en forment l'imaginaire. Sensation intensifiée par l'humidité, le vent et la noirceur, le froid transparaît par le truchement d'effets corporels d'ordre physique (Lapras, Larrouy, Ambid et Richard) et comportemental (Parsons et Hensel). Il force l'organisme à l'isolement (Suhonen), l'oblige à prendre refuge (Durand) et s'inscrit dans un territoire marqué par la nordicité (Hamelin). Absence de chaleur, il modifie l'état de la matière sans l'altérer (Ruiu). Marque de subjectivité, il témoigne de la sensibilité du locuteur (Kerbrat-Orecchioni). Phénomène complexe, le froid se rêve grâce aux matériaux nordiques (Désy), tandis que le feu, la chaleur, l'évoque par contiguïté (Désy et Michelis-Maslosh). Ambigu, il véhicule l'angoisse de la mort et l'espoir du dégel, la violence et la quiétude, le silence et le trop-plein de mots (Désy et Michelis-Maslosh). Il commande un souffle bref et une langue morcelée (Girard). Mon deuxième chapitre se consacre à l'Agaguk du TSZ, dont la dialectique « chaud-froid » permet au spectateur de contempler l'hiver dans le confort de l'intérieur. Il traite de la théâtralité (Féral) qu'appelle le froid et qui se déploie par le biais du quatrième mur vitré et d'un espace composé de trois lieux distincts (salle de spectacle, castelet et extérieur). L'analyse des mots « froid » et « froidement », présents dans l'adaptation d'Hubert, révèle la fonction du froid dans le texte dramatique : il exprime l'impassibilité, dissimule les pensées ou les réactions, contraint les personnages au refuge, à l'immobilité, à l'isolement, à la proximité et au silence, en plus d'accentuer la tension dramatique. Mon troisième chapitre, qui porte sur l'analyse génétique et dramaturgique de Roche, papier, couteau..., retrace la manière dont Perreault représente le froid. Le Nord inuit, découvert par l'auteure lors de séjours au Nunavik, influe sur l'inventivité du langage, le rapport des personnages à la parole et au silence, le suspense et l'univers froid. La genèse du texte montre la construction de l'espace et mène à une réflexion sur la spatialité du froid (l'intérieur, l'extérieur et le cadre). Le froid énoncé, quant à lui, rappelle l'état de survie des personnages, figure leur mal-être, les pousse à se réchauffer de différentes façons, leur insuffle une poésie et laisse poindre l'espoir.
« Se laisser porter par l'inspiration nordique, se résoudre à un exil créatif. La représentation de Fermont dans Temps », Littoral, no 9, automne 2014, p. 42-45.
« Vue sur une Côte surrélle et surnaturelle dans Kushapatshikan de Gilbert Dupuis. Un rituel innu au théâtre », Littoral, no 8, automne 2013, p. 66-70.
« Imaginer le froid », Littoral, no 8, automne 2013, p. 71.
« Entendre le Nord et le froid dans le texte dramatique. Étude du “paysage audible” dans Floes de Sébastien Harrisson et Roche, papier, couteau... de Marilyn Perreault », Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, vol. 14, no 1, 2013, p. 35-41.
[Fragments signés JG], dans Émilie Allaire, Philippe Archambault, Kevin Cordeau, Anne Brigitte Renaud et André Roy (dir.), Carnet des Quatre saisons, La Traversée – Atelier québécois de géopoétique, coll. « Carnets de navigation », no 11, Montréal, 2013.
[Fragments signés JG], dans La Traversée – Atelier québécois de géopoétique en coll. avec Sébastien Cliche, Gares, bleuOrange, revue de littérature hypermédiatique, no6, équinoxe automnal 2012, en ligne,
http://revuebleuorange.org/oeuvre/gares.
« Tryptique ferroviaire », dans Julien Bourbeau et Romy Snauwaert (dir.), En train. Projections itinérantes », La Traversée – Atelier québécois de géopoétique, coll. « Carnets de navigation », no 10, Montréal, 2012, p. 60-61.
« Le monstre musique », Main Blanche, vol. 14, no 2, janvier-février 2009, p. 8-9.
« Arstriste », Main Blanche, Dossier « La revanche des p’tits gros », mars-avril 2008, p.18-19.
Textes dramatiques
« Speak Femme », Au fil des champs, mise en scène de Maya Gobeil, création des Productions drôle de Monde, Espace La Risée, Montréal, 6-8 mars 2014.
« Femme labyrinthe. Autoportrait tragique », Les Mots du Corps ou chips et boucles d'oreilles, mise en lecture de Marianne Moisan, Espace La Risée, Montréal, 28 février 2014.
« Isberg » Six visions de l'apocalypse (concert de Flûtes Alors! présenté lors du Festival Montrél Baroque), Salle Ville-Marie, Marché Bonsecours, Montréal, 24 juin 2012.
« Rouge coquerelle : Veille puissance féminine ou celle dont j’ai peur », Elles dansent sur les mots, mise en scène de Maya Gobeil, création des Productions drôle de Monde, Espace La Risée, Montréal, 10-14 mars 2009.
L comme dans pluie, texte et mise en scène, Espace La Risée, Montréal, 2-8 mars 2008.
Textes de création
[Fragments signés JG], Carnet des quatre saisons, mont Saint-Hilaire, avril 2011 à février 2012, Émilie Allaire et coll. (dir.), La Traversée - atelier québécois de géopoétique, coll. « Carnets de navigation », no 11, Montréal, 2013, p. 18. et 50-51.
[Fragments signés JG], Gares, La Traversée - atelier québécois de géopoétique en coll. avec Sébastien Cliche, Revue de littérature hypermédiatique bleuOrange, no 6, équinoxe automnal 2012, en ligne, http://aplacewhereyoufeel safe.com/gares/
« Triptyque ferroviaire », En train - projections itinérantes, Julien Bourbeau et Romy Snauwaert (dir.), La Traversée - atelier québécois de géopoétique, coll. « Carnets de navigation », no 10, Montréal, 2012, p. 60-61.
« Le monstre musique », Main Blanche, vol. 14, no 2, janvier-février 2009, p. 8-9.
« Arstriste », Main Blanche, Dossier « La revanche des p'tits gros », mars-avril 2008, p. 18-19.